Janvier 2013- Salon de l’Alternance – Discours de Thierry Repentin

Discours de Monsieur Repentin à l’occasion de son déplacement sur le salon de l’Alternance à Paris

 

Tout d’abord merci pour votre accueil. Je viens de parcourir avec beaucoup d’intérêt les allées de ce 20ème salon dédié à l’apprentissage et à l’alternance. 20 ans ! 20 ans, c’est l’âge du salon mais c’est aussi l’âge d’une partie des apprentis et anciens apprentis que j’ai croisés aujourd’hui. Et 20 ans, c’est beaucoup de chemin parcouru par l’apprentissage : entre 1993 et 2013, que de transformations !

L’image de l’apprentissage s’est considérablement valorisée, l’apprentissage est davantage reconnu comme une chance extraordinaire de préparer un diplôme en même temps que d’acquérir une expérience… et de commencer à gagner sa vie, début de l’émancipation !

Preuve en est : nombre de CFA sont pris d’assaut, comme vous en témoignez, directeurs et formateurs présents aujourd’hui, et les apprentis sont nombreux à chercher un contrat auprès de vous, DRH d’entreprise également représentés ce matin.

 

Il n’y a là nul hasard. C’est que l’apprentissage est très exactement adapté à notre temps et aux difficultés rencontrées par la jeunesse de France. On lui reproche son manque d’expérience, on lui reproche d’être jeune en somme ? Eh bien, là elle peut en acquérir une ! On lui demande un savoir opérationnel ? Eh bien, là elle peut à la fois acquérir des connaissances actualisées, au fait des dernières avancées techniques, technologiques ou scientifiques, mais adaptées à l’entreprise !

Cette dynamique n’a aucune raison de s’arrêter ! Justement, je veux profiter de ma présence parmi vous, sur ce 20ème salon de l’apprentissage et de l’alternance, pour vous annoncer une bonne nouvelle ! Au printemps dernier, une rumeur persistante s’était répandue, selon laquelle l’année 2012 serait une année catastrophique pour l’apprentissage. Cela ne partait pas de rien, il faut le reconnaître : le contexte économique était difficile – il l’est toujours – et l’on pouvait effectivement craindre sinon une catastrophe, du moins un tassement sensible du nombre d’entrées en apprentissage.

Eh bien il n’en est rien !

Le nombre de contrats d’apprentissage enregistrés du 1er janvier au 31 décembre 2012 s’élève très exactement à 297 768, soit une progression de 1 % par rapport à 2011. Vous pourriez me dire que cette petite progression ne donne pas particulièrement matière à s’enthousiasmer. Je m’en réjouis toutefois, car cela montre qu’en dépit des difficultés parfois lourdes qu’elles rencontrent, les entreprises, et tout particulièrement les plus petites, continuent de préparer l’avenir. Elles continuent de faire confiance aux jeunes et de vouloir transmettre le flambeau. J’y vois un signe d’espoir qui doit nous encourager à poursuivre nos efforts.

Les chiffres relatifs au contrat de professionnalisation sont moins bons, avec 158 284 entrées dans l’année, soit une diminution de 8,6 % par rapport à 2011. Mais il convient de souligner que cette baisse intervient après une envolée assez spectaculaire de + 17 % en 2011.

Je précise aussi que pour les deux types de contrats, ces résultats ne sont pas encore tout à fait définitifs car des contrats signés mais non encore enregistrés peuvent venir les améliorer dans les jours qui viennent.

 

Je crois donc pouvoir dire que la priorité Jeunesse fixée par le Président de la République est aujourd’hui la priorité de tous, et je m’en félicite, car c’est une nécessité vitale pour l’avenir du pays tout entier.

 

Dans les années qui viennent, nous avons en effet à résoudre le grave problème du chômage, en particulier celui des jeunes dépourvus de toute qualification à l’issue de leur parcours scolaire, ce qui est le cas de 130 000 d’entre eux chaque année.

Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est aujourd’hui dramatiquement élevé. Il est globalement de 22 %, mais il atteint le double dans les zones urbaines sensibles. Et ce sont bien sûr les jeunes les moins diplômés, ou pas diplômés du tout, qui sont les principales victimes de cette situation.

Alors il faut agir et développer l’apprentissage. Le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi a fixé l’objectif de faire progresser le nombre d’apprentis dans notre pays de 435 000 actuellement à 500 000 d’ici 2017. C’est un objectif raisonnable, réaliste, atteignable si tous les partenaires se mobilisent : les entreprises, les organisations professionnelles et consulaires, les Régions, les partenaires sociaux et bien entendu les CFA eux-mêmes.

Je vois trois leviers à mobiliser.

  • Tout d’abord, les développeurs de l’apprentissage sont des points d’appui essentiels. J’ai annoncé en décembre la prolongation de leur mission et je signerai dans quelques jours une convention avec CCI France pour en conforter les missions au service de la recherche de contrats d’apprentissage, y compris dans des secteurs qui y recourent encore trop peu.
  • Le deuxième levier, ce sont les CFA eux-mêmes. Je reçois de trop nombreux courriers de jeunes et de familles désespérés qui ont une place dans un centre de formation mais ne trouvent pas d’entreprise et de contrat d’apprentissage. Je ne m’y résous pas. Le succès de l’apprentissage nous oblige tous et on ne peut laisser la responsabilité de trouver l’entreprise sur les seules épaules des familles et des jeunes car alors celles et ceux qui n’ont aucun réseau familial ou social resteront durablement exclus de cette voie de réussite.
  • Enfin, le troisième levier, c’est le contrat de génération, dont le projet de loi a déjà été adopté par l’Assemblée nationale et sera en discussion les 5 et 6 février au Sénat. En effet, l’entreprise qui recrute un jeune en contrat de professionnalisation CDI ou bien qui embauche en CDI un jeune au terme de son contrat d’apprentissage chez elle pourra comptabiliser ces deux recrutements au titre du contrat de génération et bénéficier des avantages qui en découlent, pour maintenir le senior et pour garder le jeune apprenti à la fin de son apprentissage.

Chacun sait que les voies d’accès à la qualification professionnelle sont diverses : aux côtés de celle de l’apprentissage existent, de manière complémentaire et non concurrente, celle du contrat de professionnalisation et bien entendu aussi la voie scolaire.

 

Je veux affirmer une nouvelle fois ici l’égale dignité de ces différentes voies de formation, qui sont toutes des voies de réussite parce que toutes permettent d’atteindre la même cible : la qualification professionnelle et grâce à elle, l’emploi.

Ce principe a été rappelé par le Président de la République il y a quelques jours à Grenoble à l’occasion de la présentation de ses voeux à la jeunesse. Mais l’on doit encore malheureusement déplorer – et combattre – le sentiment encore trop répandu selon lequel les formations en alternance, particulièrement dans le cadre de l’apprentissage, seraient d’une moindre valeur, une voie par défaut, que l’on emprunte seulement quand on n’a pas pu faire autrement.

Je porterai une attention toute particulière aux premiers niveaux de qualification, et aux moyens dont bénéficient les formations conduisant à ces niveaux.

 

C’est aussi pourquoi est en cours de réflexion une réforme de la collecte et de la répartition de la taxe d’apprentissage, comme l’a également affirmé récemment le Président de la République, au cours de ses voeux aux acteurs de l’économie et de l’emploi.

 

Ces grandes orientations trouveront une trace concrète dans un projet de loi « formation professionnelle / apprentissage » qui sera présenté au Conseil des Ministres dès la fin du mois de juin prochain, et qui comportera un important volet « alternance ».

Dans le même temps, je souhaite que tout soit fait pour améliorer les conditions de vie des alternants et en particulier des apprentis. Je suis très sensible à cela, car je crois que l’on ne peut pas se préoccuper de l’avenir de l’apprentissage sans se soucier des conditions de vie et de travail des apprentis. Une partie significative d’entre eux vit dans des conditions sociales, familiales et financières difficiles qui sont souvent un frein à la conclusion de contrats, mais aussi l’une des causes de certaines ruptures.

 

Je sais que la plupart des CFA développent avec un soin toujours plus grand des actions d’accompagnement individualisé des apprentis, sur le plan pédagogique bien sûr, mais aussi sur tous les registres de leur vie quotidienne.

Je les encourage à amplifier encore leur action dans ce domaine, en pensant particulièrement aux problèmes de transport et d’hébergement. En effet, un apprenti est souvent écartelé entre trois lieux de vie : son domicile familial, son CFA et son entreprise… lesquels sont rarement dans la même ville ni même en proximité. Cet écartèlement induit des coûts importants, difficiles à supporter pour un certain nombre d’apprentis. Il induit aussi de la fatigue qui est l’une des causes des ruptures de contrat.

 

Et c’est pourquoi j’attache une grande importance au développement des projets de l’action « formation en alternance et hébergement » du programme des investissements d’avenir, déployé par la Caisse des dépôts et consignations, et qui a déjà permis la mobilisation de plus de 200 M€ pour la mise en oeuvre de 51 projets sur l’ensemble du territoire national qui génèreront 11 500 places supplémentaires en apprentissage pendant que 4 000 places d’hébergement seront construites, reconstruites ou rénovées.

 

La question des conditions de travail des apprentis relève quant à elle pour l’essentiel des employeurs, et je ne manque pas d’attirer l’attention de leurs organisations professionnelles dans toutes les occasions que j’ai de le faire. Ces questions sont d’une importance capitale sur le plan social, mais aussi parce qu’elles ont un impact sur l’attractivité de l’apprentissage et son image dans l’opinion.

 

Voilà Mesdames et Messieurs ce que je souhaitais vous dire en quelques mots à l’occasion de ce salon.

 

La lutte contre le chômage est une priorité du Gouvernement.

L’emploi des jeunes, de tous les jeunes, est une urgence sociale, sociétale. Et puisque l’acquisition d’une qualification favorise l’insertion professionnelle, j’ai la conviction que le développement de l’alternance jouera à cet égard un rôle majeur.

Je vous remercie donc, professionnels de la formation et de l’entreprise, pour votre contribution à la construction de l’avenir de notre jeunesse et donc de celui du pays tout entier. Et je vous souhaite plein succès à vous apprentis, futurs apprentis et anciens apprentis !

 

 

Je vous remercie de votre attention.

 

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